à la bonne page (2)
Ce matin, après 265 jours d’espagnol avec duolingo (je n’avais aucune base), un été avec le mensuel Vocable, je me décide à apprendre par coeur un poème de Roberto Juarroz. Le 8ème de sa Treizième poésie verticale. Vous en trouverez la dernière strophe dans la colonne de droite de mes îles, sous la citation de Perec. Je m’aide de tes enregistrements, l’un avec l’accent castillan, l’autre avec l’accent andalou, pour me contraindre à placer les accents toniques sur la bonne syllabe. Je vais et viens dans mon jardin en un itinéraire en 8 qui pourrait tout aussi bien être le symbole de l’infini. C’est la première fois que j’apprends un poème en langue étrangère par coeur. Il faut contraindre le cerveau à lâcher prises, ne pas s’accrocher à la langue maternelle. Quelques infinis plus loin, j’ai enfin réussi à l’épingler dans ma mémoire. Je rajouterai une punaise demain pour qu’il ne tombe pas.
Je feuillète le recueil pour savoir combien de temps il me faudrait pour tout épingler à raison d’un poème par jour. Trois mois, cela me mènerait fin novembre, sachant que je reprends mes cours dans une semaine. Je vais tenter ma chance.
Au moment de refermer le recueil, je remarque qu’un vide s’est créé entre deux pages, à force d’être lues sans doute. C’est le poème 16. Je le relis à voix haute et pousse un cri de joie au dernier vers : « El azar es una mano más segura. « C’est lui que je cherchais hier !
photo: l’infini sur un galet, Le Havre