Belette
« Avant au Tripode, il y avait Zizi Cabane. Maintenant, à côté d’elle, il y a Belette. » C’est avec ces mots que Nico, le libraire de Quai des mots m’a mis le premier roman de Mye entre les mains. Pas besoin de m’en dire plus, je prends.
Il y a chez Belette, face au désespoir, quelque chose d’aussi effronté que Zazie. Et surtout, il y a une langue qu’on voudrait apprendre d’un claquement de doigts pour se mettre à la parler au quotidien.
« – Pourquoi tu me parles de riz Belette ! Qu’est-ce que tu me causes ?! Ça a rien à voir. T’es couillonne ! C’est pas une question de riz, c’est une question de grain ! m’a dit Coco un jour que je lui disais être restée sous le riz un bon bout de temps.
Mais moi, quand on me parle de grain, je vois du riz, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ! Coco, elle a p’t’être le vocabulaire qui faut plus que moi, mais elle sait pas faire de l’image à elle. Elle dit juste ce que les autres disent. C’est pas beaucoup. Elle a rien à elle quand elle parle. Elle parle la langue des autres, le courant, des trucs qui camouflent pour que ça contente tout le monde. Du coup, elle a le mot maigrelet, y a rien à bouffer dessus, on reste sur sa faim. Moi, j’ai plein de trucs à moi et je vous le dis, c’est du riz qui tombe et p’t’être bien que ça va pousser après, dans le sable. P’t’être que si je reste là longtemps, je vais voir de la broussaille verte sortir de la mer. »