
Une chambre à soi
Ça y est, j’ai une petite chambre implantée sous la peau. Au bloc, hier, avant que le champ stérile ne recouvre tout, j’ai placé ma paume sous la clavicule, à droite. Surface plane encore un peu. On laisse la playlist ou vous voulez un album particulier ? J’ai choisi Moanin’ d’Art Blakey. C’était réconfortant d’avoir un peu de connu et les souvenirs qui vont avec, avant le grand saut. Et j’ai laissé la chirurgienne oeuvrer. Elle a piqué, ouvert, trifouillé, glissé, enfilé, recousu et pendant tout le temps qu’a duré l’opération, nous avons parlé de littérature, dernières lectures -ah, Madelaine avant l’aube !- et coups de coeur – vous n’avez jamais rien lu de René Fregni, je vais vous écrire deux titres en P.S. sur le bilan d’opération : Minuit dans la ville et La fiancée des corbeaux– comme si nous prenions un café clope ensemble à une terrasse.
Apprivoiser maintenant la bosse mystérieuse sous le pansement, fanfaronner en disant aux copaines que je suis chambrée. Plus loin, je réussirai à dire « ma chambre » pour ne pas la vivre comme une intruse, un corps étranger (ce qu’elle est quand même). C’est ma coloc pour de longs mois.


4 commentaires
Michèle Frédéric
Je pense à toi . Fregni c’est très bien, c’est plein de liberté, d’amitié avec les gens et les choses, on a envie de prendre un verre de vin avec lui sous les oliviers…, je pense que tu aimeras.
J’aime ton blog et aussi ton courage. On devrait s’appeler… bisous , ma bacchante coloquée!
la bacchante
Pour le verre de vin sous un olivier, je rajoute Fregni sur ma pile à lire !
Colo
Une bénédiction cette chambre, de plus elle laisse vite oublier sa présence.
Madeleine avant l’aube, je l’ai commencé hier, ça s’annonce si bien.
Para ti un beso muy especial, envuelto de un poco de niebla esta mañana.
la bacchante
Bonne lecture, Colo. Tu me diras si tu avais deviné qui était le narrateur de la première partie !
Un beso envuelto de un gran sol.