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Remplir ses sacs
Jour 8, Chimio 2 : c’est déjà demain.Taxi-wonder-woman et son vaisseau départemental aussi bruyant qu’un hôpital -les bips dès qu’elle dépasse la limite de vitesse d’un km la font bien marrer- t’attendront devant la biquetterie. D’ici là, tu prépares tes sacs. Dans le premier, tu glisses l’aprépitant, la lidocaïne et une salade de riz, haricots azuki, concombre, basilic sacré, fleurs de ciboulette (les repas à l’hôpital ont décidément un goût de surgelé qu’on aurait oublié de passer au four). Dans le second, tu enfournes pêle-mêle tout le doux que cette semaine t’a offert. Une randonnée nocturne avec ton morveux, le soir de la première chimio. Tu étais sous cortisone, ton…
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Une chambre à soi
Ça y est, j’ai une petite chambre implantée sous la peau. Au bloc, hier, avant que le champ stérile ne recouvre tout, j’ai placé ma paume sous la clavicule, à droite. Surface plane encore un peu. On laisse la playlist ou vous voulez un album particulier ? J’ai choisi Moanin’ d’Art Blakey. C’était réconfortant d’avoir un peu de connu et les souvenirs qui vont avec, avant le grand saut. Et j’ai laissé la chirurgienne oeuvrer. Elle a piqué, ouvert, trifouillé, glissé, enfilé, recousu et pendant tout le temps qu’a duré l’opération, nous avons parlé de littérature, dernières lectures -ah, Madelaine avant l’aube !- et coups de coeur – vous n’avez…
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En bref (j’essaie)
Faire tenir deux mois en quelques lignes : tétanisée un soir de résultat de biopsie positive (la précédente était revenue négative)tétanisée (bis) un soir de résultat de petscan : on rajoute le pancréas au sein– t’es un grand malade de t’acharner sur moi comme ça ! C’est quoi ton problème ?, que j’ai dit à l’universil ne m’a pas répondu ou je n’ai pas entendu quoi d’autre alors qued’accepter d’habiter le jour présent (c’est le seul endroit où vivre aujourd’hui) avec les ami.e.s et la famille qui s’installent sous le cerisier de la biquetteriey rencontrer un hérisson et un aigle lors d’un voyage chamanique« le cercle de mon vol te protège »toi…
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Insensé destinle regarder droit dans les yeuxprésent sourd biffure de la page 191 de Madelaine avant l’aube, Sandrine Collette
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Réveillons-nous
ça y estsont au passéles réveillons et l’affolement de l’humanité fragile luciole au milieu des guirlandes (ça s’allume, ça s’éteint) réveillons-nousles alertes rouges, elles, ne se sont pas éteintes toujours là en continu à attendre notre envolpour entrer en résistance contre tout ce qui s’affole sur notre terre
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Conjurer la peur
L’essai était depuis un an sur mon bureau à l’étage. J’avais prévu de le lire, les mois ont passé, j’ai même changé de bureau entre temps. Je l’ai replacé sur ce nouvel espace, son titre comme un mantra quotidien. J’ai fini par me décider à l’ouvrir parce que le nom de son auteur souvent mentionné en ce mois de juillet. Patrick Boucheron était aux côtés de Thomas Jolly pour concevoir la cérémonie d’ouverture des JO comme une invitation à dépasser notre société rabougrie, ratatinée, malingre. Cette certitude que le vivre ensemble est possible s’il déploie toutes nos différences. Conjurer la peur, Essai sur la force politique des images. Sienne, 1338.…
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Est-ce que demain finira bien ? (10)
Demain, c’était hiersortie du tunnel du tourbillonon respire à nouveauun peu
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Est-ce que demain finira bien ? (9)
Nous y sommes : demain c’est aujourd’huiune longue journée s’est ouvertepour l’accélérer je me projette en marsfaites que le printemps des poètes n’ait pas à choisirle mot honte pour compléter son abécédaireardeur beauté courage désir éphémère frontière grâcemais hospitalité Photo : ©Pili
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Est-ce que demain finira bien ? (8)
On y estdemain c’est vraiment demainavis de tempête sur l’hexagonej’ai tellement entendu sur toutes les ondesle RN on ne l’a jamais essayéalors pourquoi pasqu’il faut le redire clairementon n’essaye pas ces gens-là parce qu’une fois arrivés ils ne partiront pasil nous restera alors le souvenir de notre démocratie pour pleurer Photo : ©Nicole F.
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Est-ce que demain finira bien ? (7)
On se réveille à l’aube avec un doutequelques secondeset c’est à nouveau làla dérouteSombrer Ombre Sombreune vague bruneon a cru pouvoir faire front encore une foisles digues ne tiennent plusérosion de l’humanité( Face à moi, des élèves planchent sur un extrait de La chambre des officiers de Marc Dugain. Ils sont concentrés sur l’épreuve du brevet. J’ai tout mon temps pour les observer. Que savent-ils des épreuves qui les attendent ? )on ne va pas abandonner ce réel étriqué on va être plus vaste que luicontinuer d’ouvrir grand nos gueules et nos ailes photo : ©Fanche