Biffures,  Instants

En vies

Aujourd’hui est un jour 1
Jour 1 pour ta chimio : au bout de combien de mardis, pourras-tu parler de rituel ? Peut-être dès la semaine prochaine.
Pour l’instant tu prends tes marques : au premier étage, le hall dessert l’hôpital de jour, le labo d’analyses sanguines et la cafét’. Là, Josette fait des mots croisés et Paulette des mots mêlés (les prénoms n’ont pas été modifiés).Toi, tu mêles ta présence à ces lieux nouveaux et tu croises des lettres lumineuses : place aux envies. Mettre un nouvel espace : place aux en vies. Sur la table, tu as posé le roman Les mains vides. Ce titre parle de toi aussi.
Jour 1 pour ta chimio : les trois poches de nectar guérisseur (expression bien trouvée par ta frangine) et toi bénéficiez d’une chambre individuelle. Entre deux contrôles de ta tension et de ton coeur qui bat en mode un peu trop sportif, tu somnoles. Une diététicienne t’apprend que tu peux ranger l’ail et le curcuma. Incompatibilité avec les traitements. Exit aussi le curry, donc. Va falloir que tu fasses preuve d’imagination pour combler ce vide.

(Tu te souviens d‘elle
Tu accordes ton rythme
aux reliefs de ta mémoire
L’apaiser

Biffure de la page 193 de Les mains vides d’Élio Possoz)

Au retour, tu retrouves ta taxi-wonder-woman (férue de linguistique, de Camus et algérienne), vous parlez à bâtons rompus de ses spécialités culinaires. Tu es fatiguée et tu as faim : l’évocation de la slata méchouia te comble. Tu retrouves aussi le jardin de ta biquetterie : J. a passé un rotofil tout en respectant le côté punk et a déniché une ombrelle pour te protéger du soleil.
Ce jour 1 a été doux. Que les suivants le soient aussi.

4 commentaires

  • Tania

    J’ai dû manquer un épisode, chère bacchante, à moins que ce jour 1 soit le premier où tu abordes ce sujet. Que les suivants soient aussi doux, c’est ce que je te souhaite, bien sûr. Que tout aille pour le mieux.

  • Colo

    À toi le repos, les balades lentes, peau portégée du solel, le plus de douceur possible chère Bacchante.
    Une grande solidarité se forme, c’est vrai, entre les « chimiotées » à l’hôpital et ailleurs. « Comment tu noues ton foulard, c’est joli sur le dessus de ta tête »….

    Je t’embrasse

  • la bacchante

    « chimiotée » : c’est presque doux, ce néologisme.
    J’apprends ce nouveau rythme en essayant de ne pas trop pester.
    Je t’embrasse

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