
Drone / ronde
Ce matin, tu es déjà branchée à la première poche de chimio, celle qui va te faire somnoler et te coller les neurones entre eux. Tu ouvres ton calepin et notes quelques idées en attendant de pouvoir aller sur tes îles indigo. C’est le mot drone (est-ce parce qu’il rime avec neurone ?) qui apparaît. Il te faudra trouver les mots justes pour parler de ceux qui envahissent le ciel de Gaza, du massacre sans fin en dessous, du voilier Madleen (prénom qui vient de l’hébreu Magdala « celle qui évoque un souvenir ») arraisonné par Israël. Oui, il faudra. Il faudra aussi parler du ballet de drones qui a noirci le ciel de Nice à coup de méduses, bans de poissons et hippocampes virtuels pour l’ouverture de la conférence sur l’Océan. Toujours et encore du pain et des jeux pour faire oublier qu’en dessous ce ne sera bientôt plus qu’un souvenir, ce monde marin.
Tu te dis que la tâche va être lourde de retour chez toi et déjà tes mots s’éparpillent. Tu regardes ta poche presque vide. Les autres ne vont pas tarder à suivre. C’est ce moment précis que choisit PomPom Sister pour t’envoyer une pensée et une photo (celle de ce billet).
Un coup de dé(s) jamais n’abolira le hasard
mais tu déplaces quand même la première lettre
et le drone devient une ronde, celle du dessin
tu aimes à penser que c’est une bulle
et le hérisson ( lors d’un voyage chamanique, tu l’avais rencontré )
regard malicieux épines au repos
dégaine d’animal aérien et marin tout à la fois
sait la fragilité de la bulle de savon aux reflets de cristal
posé dessus en un équilibre défiant toute gravité
il va faire route avec elle sans jamais la crever
c’est ce que tu te surprends à penser en regardant la 2ème poche s’écouler en toi.


2 commentaires
Tania
Un bonjour en passant, chère bacchante. La ronde des jours et des saisons suit son cours et les mots, quoi qu’on en dise, mettent un peu de baume sur nos maux.
la bacchante
Un bonjour à toi, Tania.