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Ton amour était sans limitesson désir aussiqui faisait s’envoler vos reins et vos cuisses tu aurais aimé que ça dure éternellement Biffures des pages 28 de Minuit dans la ville des songes, Dernier arrêt avant l’automne et Je me souviens de tous vos rêves de René Frégni
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(im)mobilité
Tu as mis en place un rituel qui te plaît : tu as posé un transat sur l’allée du potager qui mène au cabanon des semis. Là, chaque matin, au milieu de la végétation, tu t’assieds avec ton 2ème café, tu regardes monter la nouvelle journée. Tu ne sais pas ce qu’elle va te proposer, une longue randonnée comme mardi soir au retour de ta 3ème chimio, une balade vélo comme hier matin ou une irrésistible et longue sieste bercée par la pluie sur le velux comme hier après-midi. Tu écoutes ces rythmes nouveaux, tu aimerais y lire une certaine régularité. Tout se rejoue chaque jour. L’accepter avec l’élégance de…
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Et de deux !
Taxi-wonder-woman vient de te déposer chez toi. Après toutes ces heures passées dans un fauteuil médical à attendre que les poches du nectar, une à une, s’écoulent en toi, tu as besoin de rééquilibrer la journée. Tu enfiles tes pompes de rondo et pars. Le tonnerre gronde au loin. Tu as toujours aimé marcher au bord d’un orage. Alors que tout semble à l’arrêt dans l’attente de la pluie, toi tu avances d’un bon pas. Tu grimpes sur les coteaux de Seine et laisse cette deuxième journée de chimio (plus que dix) remonter. Elle t’a offert tant de douceurs :Le rendez-vous avec l’esthéticienne qui dédramatise tout ce que tu dois…
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Remplir ses sacs
Jour 8, Chimio 2 : c’est déjà demain.Taxi-wonder-woman et son vaisseau départemental aussi bruyant qu’un hôpital -les bips dès qu’elle dépasse la limite de vitesse d’un km la font bien marrer- t’attendront devant la biquetterie. D’ici là, tu prépares tes sacs. Dans le premier, tu glisses l’aprépitant, la lidocaïne et une salade de riz, haricots azuki, concombre, basilic sacré, fleurs de ciboulette (les repas à l’hôpital ont décidément un goût de surgelé qu’on aurait oublié de passer au four). Dans le second, tu enfournes pêle-mêle tout le doux que cette semaine t’a offert. Une randonnée nocturne avec ton morveux, le soir de la première chimio. Tu étais sous cortisone, ton…
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En vies
Aujourd’hui est un jour 1 Jour 1 pour ta chimio : au bout de combien de mardis, pourras-tu parler de rituel ? Peut-être dès la semaine prochaine.Pour l’instant tu prends tes marques : au premier étage, le hall dessert l’hôpital de jour, le labo d’analyses sanguines et la cafét’. Là, Josette fait des mots croisés et Paulette des mots mêlés (les prénoms n’ont pas été modifiés).Toi, tu mêles ta présence à ces lieux nouveaux et tu croises des lettres lumineuses : place aux envies. Mettre un nouvel espace : place aux en vies. Sur la table, tu as posé le roman Les mains vides. Ce titre parle de toi aussi.Jour…
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cri étoufféet murmure du coeur aux commissures du printempsà la fissure du silenceà la lumière mêlée à la tristesse biffures de la page 105 de L’oiseau canadèche de Jim Dodge et de la page 19 de Le chant des pentes de Simon Parcot
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Une chambre à soi
Ça y est, j’ai une petite chambre implantée sous la peau. Au bloc, hier, avant que le champ stérile ne recouvre tout, j’ai placé ma paume sous la clavicule, à droite. Surface plane encore un peu. On laisse la playlist ou vous voulez un album particulier ? J’ai choisi Moanin’ d’Art Blakey. C’était réconfortant d’avoir un peu de connu et les souvenirs qui vont avec, avant le grand saut. Et j’ai laissé la chirurgienne oeuvrer. Elle a piqué, ouvert, trifouillé, glissé, enfilé, recousu et pendant tout le temps qu’a duré l’opération, nous avons parlé de littérature, dernières lectures -ah, Madelaine avant l’aube !- et coups de coeur – vous n’avez…
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En bref (j’essaie)
Faire tenir deux mois en quelques lignes : tétanisée un soir de résultat de biopsie positive (la précédente était revenue négative)tétanisée (bis) un soir de résultat de petscan : on rajoute le pancréas au sein– t’es un grand malade de t’acharner sur moi comme ça ! C’est quoi ton problème ?, que j’ai dit à l’universil ne m’a pas répondu ou je n’ai pas entendu quoi d’autre alors qued’accepter d’habiter le jour présent (c’est le seul endroit où vivre aujourd’hui) avec les ami.e.s et la famille qui s’installent sous le cerisier de la biquetteriey rencontrer un hérisson et un aigle lors d’un voyage chamanique« le cercle de mon vol te protège »toi…
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Insensé destinle regarder droit dans les yeuxprésent sourd biffure de la page 191 de Madelaine avant l’aube, Sandrine Collette
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signe mystérieuxlangage qui tangueelle voudrait le clapotis qui fait valdinguerla gravité Biffures de la page 87 de Vivre tout bas de Jeanne Benameur et de la page 195 de La barque de Masao d’Antoine Choplin