Sur le fil
Assise au coin du feu, l’espace d’une cigarette, je laisse mon regard monter jusqu’à la fenêtre. De l’autre côté se tient la dépendance. Rien ne semble bouger : les tuiles sur le toit, le gris du ciel, la goutte de la pluie d’hier suspendue à la fuite de la gouttière. Tout est immobile. Aucun passage d’oiseau pour tracer une diagonale dans ce cadre. Pourtant le regard devient peu à peu plus habile comme lorsqu’il est plongé dans le noir et qu’il s’étonne de distinguer enfin des volumes. C’est imperceptible mais les deux épingles à linge oubliées sur le fil depuis cet été oscillent légèrement. Elles attendent les draps qui battront à nouveau au soleil et au vent. Et en attendant, elles marquent le passage du temps.
photo : ©Fanche