Kiosque

  • Instants,  Kiosque

    Avis

    Revenant de Fécamp, j’ai écouté La Série Documentaire consacrée à la vie rêvée des oiseaux. Quel ne fut pas mon étonnement d’apprendre que le mot avion était un acronyme : Appareil Volant Imitant l’Oiseau Naturel. C’est poétique mais exit le latin avis qui nomme l’oiseau dans l’antiquité. Arrivée à la biquetterie, j’ai mené mes recherches. Il s’agirait d’une rétroacronymie. Ah bon, on peut faire ça ?Prenons alors le mot avis venant de à vis(um), « ce qui est vu comme bon » et procédons au même procédé. Cela donnerait À Vos Inspirations Subtiles. Hop hop hop, le tour est dans le sac. Qu’en pensez-vous ? Je dirai même mieux : quel est…

  • Instants,  Kiosque,  La classe !

    Ne laisse jamais personne t’éteindre

    Mardi soir, c’était À ne pas rater de la Cie La vaste entreprise au théâtre de l’Arsenal. Pendant une heure, nous avons raté tout le reste du monde dans ces 400 m². Nous avons accepté le vide qui peu à peu apparaissait sur scène. Nous avons tenu au loin, l’espace d’une heure, le Hamas, la bande de Gaza, Israël et les fracas du monde.Hier soir, c’était le concert de Zaho de Sagazan au Kubb. J’y suis arrivée en miettes d’Arras et pourtant l’énergie vitale est réapparue. Lundi, cela fera trois ans pour Samuel Paty et trois jours pour Dominique Bernard. Je vais me retrouver face à vingt-huit paires d’yeux. Cette…

  • Instants,  Kiosque

    Notre vie, c’est maintenant

    « Le droit à une vie respirable, une vie qui vaut la peine, une vie à laquelle tenir, c’est le droit d’attendre beaucoup de la vie (la vie avec, auprès, parmi): l’espoir de fraterniser dans la respiration, l’espoir de détoxiquer nos quotidiens et de respirer enfin avec les autres. Respirer avec, conspirer. »in Respire, Marielle Macé Après une semaine qui m’a essoufflée -les cours, les copies, les préparations de projets-, après une semaine à inspirer et expirer sans m’en rendre compte, j’ai enfin trouvé le temps de finir le petit essai de Marielle Macé, Respire. Au départ, une évidence. L’air que j’inspire a été expiré par d’autres. L’air que j’expire sera inspiré…

  • Kiosque

    Conseils littéraires du ministre de l’intérieur

    Vous êtes, M. le ministre de l’intérieur, d’aussi bons conseils que La Grande Librairie, actuellement en pause estivale. Depuis quinze jours, grâce à vous, ma P.A.L. s’est refait une santé. Vous avez, par le biais d’un décret poussiéreux, interdit la vente aux mineurs de Bien trop petit de Manu Causse, livre jeunesse paru en 2020 aux éditions Thierry Magnier, collection L’ardeur, réservée aux plus de quinze ans. L’auteur Nicolas Mathieu a été l’un des premiers à parler de ce scandale sur Instagram, puis c’est devenu le tube de l’été. Tout en le lisant, je me suis dit que ce bouquin ferait le plus grand bien aux jeunes qui se demandent…

  • Instants,  Kiosque

    Se débarbifier

    Quand B. m’appelle pour me demander, tu te laisses tenter par Barbie de Greta Gerwig, j’ai un mouvement de surprise. Ce n’est pas ce qu’on va voir d’habitude, on est plutôt essai et art. Mais bon, puisque la critique sur AlloCiné est assez bonne, on essaie. Pendant deux heures, j’ai halluciné : du pseudo-féminisme suivi du pseudo-masculinisme, le tout baignant dans du rose à vous donner la gerbe et tout autour la marmaille -les parents pensaient-ils que c’était le film parfait pour combler une après-midi pluvieuse ?- qui croquait du pop-corn et buvait du soda. Inutile de m’étendre plus. Toujours est-il qu’après cette expérience désastreuse -un peu comme si j’avais…

  • Biffures,  Kiosque,  La classe !

    Comme des bêtes, Violaine Bérot

    Ça arrive, non, de voirdes normaux anormalement normés ? Biffure des pages 105 et 107 de Comme des bêtes Ce roman choral, Nico, un des libraires de Quai des mots me l’avait conseillé, il y a deux ans déjà. J’avais inscrit ce titre dans ma liste à lire et n’y étais pas revenue. Emprunté à la médiathèque avant la fermeture estivale, je l’ai lu ce matin sous la couette alors que les rafales déferlaient encore dehors. Comme des bêtes porte l’étiquette roman. Ça commence comme un fait divers où chacun y va de son témoignage et de ses certitudes. Dès les premières pages, on a envie de lire à voix…

  • Instants,  Kiosque

    By heart, Tiago Rodrigues

    Quand je fais comparoir les images passéesAu tribunal muet des songes recueillis Vous êtes bloqué.e chez vous, non parce qu’il fait trop chaud dehors mais parce qu’il tombe des cordes depuis ce matin. Ça a une gueule de début de printemps, voire d’automne. Vous regardez le jasmin que vous avez laissé pousser devant la fenêtre, en version pergola bio-climatique. Faute de parer le soleil, il arrête la pluie. Je soupire au défaut des défuntes pensées,Pleurant de nouveaux pleurs les jours trop tôt cueillis. Impossible d’aller courir, marcher ou nager. Vous êtes contraint.e de vous projeter dans cet espace réduit et ce temps vide. Des larmes oublieux, mon œil alors se…

  • Biffures,  Kiosque,  La classe !

    Irréfutable essai de successologie, Lydie Salvayre

    « Succès : usage de l’escalier roulant sur la bonté vers le sordide. » Biffure de la page 146 de L’irréfutable essai de successologie Voici donc un essai succulent qui brosse un tableau de notre monde dont le moteur s’appelle Tik Tok ou Instagram et qui court toujours plus vite à sa perte de valeurs. Lydie Salvayre y décoche pointes et formules cinglantes dans un grand éclat de rire. Tous y passent : les auteurs, les critiques littéraires et la bookstagrameuse. Pour celle-là, elle mélange petit-lait et vitriol et se fait un malin plaisir de la convoquer de page en page. Quant à moi, je garde son portrait dans une pochette à…

  • Kiosque

    L’homme qui vit (encore aujourd’hui)

    France Culture propose, cet été, une grande traversée en cinq verbes consacrée à Victor Hugo. Cinq épisodes remarquables qui donnent envie de suspendre le quotidien ou tout du moins de se consacrer à une activité qui permette de rester toute ouïe. Hier, agenouillée dans mon potager à tirer sur le liseron, j’ai écouté « habiter« . J’ai même libéré l’espace d’une heure supplémentaire pour mettre mes semis de persil en godets et surtout écouter « aimer« . Ce matin, sans rien faire de plus, j’ai plongé dans « dire » et ai retrouvé le Hugo qui s’est élevé contre toutes les misères. J’ai noté dans mon carnet quelques phrases ou références. Et ça s’est mis à…