Kiosque
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Alors c’est bien
Depuis hier, grosse crève. Ce matin, je décoche tout ce que j’avais prévu (aller voir À son image avec mon fils, finir la journée au resto Chez Mathilde avec toi ), j’ouvre le vélux sur le brouillard dans la vallée, les pétarades de la chasse qui vient de reprendre et le triathlon de Normandie qui ne va pas tarder à commencer. Je retourne sous la couette vieux rose qui embaume le complexe d’huiles essentielles immunité naturelle. Ma soeur m’avait envoyé ce flacon en 2020 en pleine pandémie. Ma pile à lire est assez haute pour m’accompagner sur ce jour à l’arrêt : Rosalie Blum de Camille Jourdy (je viens de…
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Jour de ressac
1984 : je suis en 3ème et on commémore les quarante ans de la libération de la France. Était-ce un projet pour toutes les classes de 3ème ou simplement l’initiative de mon prof d’histoire pour sa classe ? Je ne sais plus. Je me souviens qu’on était dispersés dans le réfectoire et qu’on avait deux heures devant soi pour traiter le sujet du Concours National de Résistance et de Déportation : La Libération à partir de juin 1944 et les rôles respectifs des armées alliées, des FFL et des FFI (je reviens d’internet pour l’énoncé exact du sujet, il n’était pas marqué au fer rouge dans ma mémoire). Les semaines…
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Belette
« Avant au Tripode, il y avait Zizi Cabane. Maintenant, à côté d’elle, il y a Belette. » C’est avec ces mots que Nico, le libraire de Quai des mots m’a mis le premier roman de Mye entre les mains. Pas besoin de m’en dire plus, je prends. Il y a chez Belette, face au désespoir, quelque chose d’aussi effronté que Zazie. Et surtout, il y a une langue qu’on voudrait apprendre d’un claquement de doigts pour se mettre à la parler au quotidien. « – Pourquoi tu me parles de riz Belette ! Qu’est-ce que tu me causes ?! Ça a rien à voir. T’es couillonne ! C’est pas une question de…
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Zelentchouk
Pourquoi, lorsque vous envoyez un message pour la première fois à un auteur que vous suivez sur Instagram et qui ignore tout de votre existence, y a-t-il cette contrainte « vous n’avez droit qu’à un message tant que l’invitation n’a pas été acceptée » ? je ne voulais pas être invitée, je voulais seulement poser une question. Et quand l’irrémédiable se produit, l’index sur l’écran tactile qui envoie un message en cours d’écriture alors qu’il savait qu’il devait faire attention, on fait quoi ? Je vous explique… Cette nuit, j’ai été réveillée par la pluie qui tombait dru sur le velux. Il était 4h. Au lieu de pester contre l’insomnie, je suis…
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Avis de canicule (2)
Je continue mes lectures de grand froid alors que dehors est chaud. Après Le bout du monde est vertical, j’ai lu d’une traite De Neige et de vent de Sébastien Vidal. Cela a à la fois la gueule d’un western dans les Alpes et celle d’un polar que tout empêche. À l’intérieur, deux gendarmes, confinés dans la mairie avec l’étranger qui écrit dans ses carnets, ne peuvent enquêter. À l’extérieur, le vent, la tempête de neige, des habitants coupés du monde et de la loi. Magnifiquement écrit, magnifiquement construit.Cela a surtout la gueule d’une humanité qu’on interroge. « Nous scrutons sans cesse l’horizon du lendemain, alors qu’il suffit d’être dans l’instant.…
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Avis de canicule (1)
Il va faire très chaud pendant deux jours. Levée tôt, j’ouvre grand la biquetterie. J’arrose le potager et le jardin. Les abeilles s’affolent autour des points d’eau. Elles aussi cherchent une solution pour traverser le jour avec le calme du haricot grimpant sous sa feuille. Plus loin dans la matinée, je salue la voisine qui promène son chien Polka, je taille les cassissiers, tire sur les orties montées en graines, cueille tomates, courgettes, concombre et me décide à regagner l’intérieur. Je suis bien dans la fraîcheur emmagasinée. C’est un espace vide qui s’ouvre et qui me rééquilibre. Hier, j’ai fait le plein de livres à Quai des mots. Quatre d’un…
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Conjurer la peur
L’essai était depuis un an sur mon bureau à l’étage. J’avais prévu de le lire, les mois ont passé, j’ai même changé de bureau entre temps. Je l’ai replacé sur ce nouvel espace, son titre comme un mantra quotidien. J’ai fini par me décider à l’ouvrir parce que le nom de son auteur souvent mentionné en ce mois de juillet. Patrick Boucheron était aux côtés de Thomas Jolly pour concevoir la cérémonie d’ouverture des JO comme une invitation à dépasser notre société rabougrie, ratatinée, malingre. Cette certitude que le vivre ensemble est possible s’il déploie toutes nos différences. Conjurer la peur, Essai sur la force politique des images. Sienne, 1338.…
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Avis
Revenant de Fécamp, j’ai écouté La Série Documentaire consacrée à la vie rêvée des oiseaux. Quel ne fut pas mon étonnement d’apprendre que le mot avion était un acronyme : Appareil Volant Imitant l’Oiseau Naturel. C’est poétique mais exit le latin avis qui nomme l’oiseau dans l’antiquité. Arrivée à la biquetterie, j’ai mené mes recherches. Il s’agirait d’une rétroacronymie. Ah bon, on peut faire ça ?Prenons alors le mot avis venant de à vis(um), « ce qui est vu comme bon » et procédons au même procédé. Cela donnerait À Vos Inspirations Subtiles. Hop hop hop, le tour est dans le sac. Qu’en pensez-vous ? Je dirai même mieux : quel est…
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Le chant du bois
ligne des fibreslignes de la mainqu’écrire ? biffure de la page 141 de Le chant du bois, Marie Boulic, éd. Thierry MagnierUn roman tout en vers inspiré par des faits réels comme on dit : le réel des migrants et du projet Metamorfosi (Photo : ©Pili)
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Ne laisse jamais personne t’éteindre
Mardi soir, c’était À ne pas rater de la Cie La vaste entreprise au théâtre de l’Arsenal. Pendant une heure, nous avons raté tout le reste du monde dans ces 400 m². Nous avons accepté le vide qui peu à peu apparaissait sur scène. Nous avons tenu au loin, l’espace d’une heure, le Hamas, la bande de Gaza, Israël et les fracas du monde.Hier soir, c’était le concert de Zaho de Sagazan au Kubb. J’y suis arrivée en miettes d’Arras et pourtant l’énergie vitale est réapparue. Lundi, cela fera trois ans pour Samuel Paty et trois jours pour Dominique Bernard. Je vais me retrouver face à vingt-huit paires d’yeux. Cette…