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Conseils littéraires du ministre de l’intérieur

Vous êtes, M. le ministre de l’intérieur, d’aussi bons conseils que La Grande Librairie, actuellement en pause estivale. Depuis quinze jours, grâce à vous, ma P.A.L. s’est refait une santé.
Vous avez, par le biais d’un décret poussiéreux, interdit la vente aux mineurs de Bien trop petit de Manu Causse, livre jeunesse paru en 2020 aux éditions Thierry Magnier, collection L’ardeur, réservée aux plus de quinze ans. L’auteur Nicolas Mathieu a été l’un des premiers à parler de ce scandale sur Instagram, puis c’est devenu le tube de l’été. Tout en le lisant, je me suis dit que ce bouquin ferait le plus grand bien aux jeunes qui se demandent si, qui doutent que. Je veux bien être la mère de ceux qui désireraient l’acheter autrement que sous le manteau. Suffit de se fixer un rendez-vous à Quai des mots avant la rentrée. Ils bénéficieront de ma carte d’identité.
Dans la foulée, j’ai continué d’explorer la collection (ils ont de la chance les jeunes d’avoir ces livres pour les porter dans leurs questionnements ) et suis tombée sur une pépite : Queen Kong d’Hélène Vignal. Pour l’instant, il ne fait l’objet d’aucune interdiction. Ne tardez pas trop quand même !

J’ai aussi disposé dans mes toilettes, pour le lire lettre après lettre et pour qu’il intrigue celles et ceux qui y passent, un abécédaire essentiel à notre survie collective On ne dissout pas un soulèvement. Quarante voix pour riposter aux grenades de Sainte-Soline. Quarante voix pour riposter à votre menace de dissolution du mouvement Soulèvements de la terre. Quarante voix pour dire qu’il y a urgence à désarmer ceux qui nous asphyxient, ceux qui bétonnent, ceux qui kapitalocènent, ceux qui mégabassinent.

Quelle sera votre prochaine cible ? On imagine sans mal le chemin de votre ordre moral jalonné jusqu’en 2027. On imagine sans mal que quelle que soit la noirceur que vous répandrez sur notre monde, nous continuerons de faire brèches et failles. Cela s’appelle résister ou bien se soulever, de l’intérieur toujours. En attendant, je vais poursuivre la lecture de Connemara de Nicolas Mathieu.


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