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Pis-aller
Hier encore, nous pensions nous en tirer très honorablement. Nous innovions, nous ne lâchions rien, ni les trente élèves par classe, ni les projets. Ce matin, tous les trois assis sur la même banquette de la salle des profs, deux de math et au milieu une de lettres classiques, nous sommes entrés dans la catégorie « médiocres ». C’est PISA qui l’a dit, nous dégringolons année après année et Singapour s’éloigne toujours un peu plus. Heureusement qu’à la tête de l’Éducation Nationale, le deus, honneur piqué à vif, est sorti aussitôt de sa machina. Il a la solution : faire des groupes de niveau dans les deux matières pointées du doigt et…
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Las palabras
Là-bas, les gens viennent s’asseoir. Ils ont rendez-vous entre amis. Ils posent leur sac au sol. Ils en sortent un sandwich, des bières et un saucisson à partager, toute leur semaine, le lourd et le léger. Ensemble, ils vont manger et se raconter. Toujours dans un grand éclat de rire.
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Quand la lourdeur des pasles phrases sont mes consolations biffure de la page 191 de Nous traverserons des orages d’Anne-Laure BondouxPhoto : un bar au far ©Pili
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Le chant du bois
ligne des fibreslignes de la mainqu’écrire ? biffure de la page 141 de Le chant du bois, Marie Boulic, éd. Thierry MagnierUn roman tout en vers inspiré par des faits réels comme on dit : le réel des migrants et du projet Metamorfosi (Photo : ©Pili)
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(dé)collage
Arrêt sur image. Des revenant.es revenu.es de tout : mort et remords biffure de la page 32 de L’Arche Titanic d’Éric Chevillard(photo : © Pili)
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Équation
Messieurs les législateurs,Permettez-moi de transformer votre injonction en une équation. Ainsi, si le masculin fait le neutre, alors le féminin fait la nature.D’où nous revenons, belles étaient l’île à forme de pied, les falaises, la mer plane au nord ou déchaînée au sud, nos chaussures de randonnées rougies par le cami de cavalls, notre joie d’être là. Et surtout belles étaient les colchiques poussant dans la faille du roc : elles ne savaient pas que c’était impossible, alors elles l’ont fait.Ne vous en déplaise, tout cela était vraiment belle.
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Matin intérieur
Ce matin comme tous les matins, j’arrive chez Suzon tôt. Je dépose mon vélo dans le garage, récupère dans mes sacoches, mon sac de cours et ma gamelle et y enfourne mon pantalon et blouson coupe-vent, mes gants et mon bonnet. Une nouvelle journée commence. J’aime ce temps où le collège émerge à peine du silence de la nuit et que la première heure de cours est encore loin. S. vient de rejoindre sa loge. S. est tout à la fois gardienne et âme du collège. Chaque matin, elle commence par appuyer sur un bouton pour lancer le lever de tous les stores, du rez-de-chaussée au 2ème étage, puis elle…
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Ne laisse jamais personne t’éteindre
Mardi soir, c’était À ne pas rater de la Cie La vaste entreprise au théâtre de l’Arsenal. Pendant une heure, nous avons raté tout le reste du monde dans ces 400 m². Nous avons accepté le vide qui peu à peu apparaissait sur scène. Nous avons tenu au loin, l’espace d’une heure, le Hamas, la bande de Gaza, Israël et les fracas du monde.Hier soir, c’était le concert de Zaho de Sagazan au Kubb. J’y suis arrivée en miettes d’Arras et pourtant l’énergie vitale est réapparue. Lundi, cela fera trois ans pour Samuel Paty et trois jours pour Dominique Bernard. Je vais me retrouver face à vingt-huit paires d’yeux. Cette…
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Tout en orage
Jongler avec les rimesse rassasier de strophespour le pamphlet à écrire biffure de la page 64 de Louise Michel de Carole Trébor
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Notre vie, c’est maintenant
« Le droit à une vie respirable, une vie qui vaut la peine, une vie à laquelle tenir, c’est le droit d’attendre beaucoup de la vie (la vie avec, auprès, parmi): l’espoir de fraterniser dans la respiration, l’espoir de détoxiquer nos quotidiens et de respirer enfin avec les autres. Respirer avec, conspirer. »in Respire, Marielle Macé Après une semaine qui m’a essoufflée -les cours, les copies, les préparations de projets-, après une semaine à inspirer et expirer sans m’en rendre compte, j’ai enfin trouvé le temps de finir le petit essai de Marielle Macé, Respire. Au départ, une évidence. L’air que j’inspire a été expiré par d’autres. L’air que j’expire sera inspiré…