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Bonne nouvelle

Un vent chaud souffle sur Paris. De St Lazare, je file à pied à Havre Caumartin. Mon corps se souvient de la route et opte tout de suite pour un rythme parisien, rapide et fluide malgré les hordes de touristes. Je m’engouffre dans le métro, ligne 9, direction Mairie de Montreuil, jusqu’à Buzenval. Quand je monte dans la rame, je regrette la canicule extérieure. Il va falloir survivre dans un sauna à l’espace vital réduit. Mes pensées évitent les stéréotypes qui me feraient écrire que chacun est sur son portable dans une absence collective. Je me concentre sur mon équilibre, être debout sans tenir la rampe moite, anticiper l’arrivée dans les stations en déportant mon poids sur une jambe, puis inverser quand la rame se remet en route. Mon regard se fixe sur la partie vitrée de la porte, juste en dessous du lapin qui depuis un demi-siècle se fait pincer la patte. Dans les tunnels, je regarde le reflet de ce condensé d’humanité et me projette dans ces quelques jours parisiens. À chaque nouvelle station, je lis les publicités placardées sur les murs. Foule d’informations, les mots font de l’oeillade et les slogans le tapin.
Chaussée d’Antin – Richelieu Drouot – Grands Boulevards – Bonne Nouvelle
Sur le quai, une femme, lourde sacoche en bandoulière, épaules affaissées, sanglote. Ses larmes remontent de si loin. Un homme la regarde impassible. Entre eux deux, face à la rame, un drame est en train de se jouer. Tout dans leur attitude dit que leurs chemins vont se séparer là. Derrière eux, sur les murs de la station Bonne Nouvelle, une affiche orange et démesurée lance son injonction : « Cet été, vivez l’amour fou, pour 8,50 euros seulement ! »
Attention à la fermeture des portes sur une scène trop bien ficelée pour apparaître dans un film mais qui a sans doute valu un grand éclat de rire au Fatum positionné là.

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