• Instants,  Kiosque

    Jour de ressac

    1984 : je suis en 3ème et on commémore les quarante ans de la libération de la France. Était-ce un projet pour toutes les classes de 3ème ou simplement l’initiative de mon prof d’histoire pour sa classe ? Je ne sais plus. Je me souviens qu’on était dispersés dans le réfectoire et qu’on avait deux heures devant soi pour traiter le sujet du Concours National de Résistance et de Déportation : La Libération à partir de juin 1944 et les rôles respectifs des armées alliées, des FFL et des FFI (je reviens d’internet pour l’énoncé exact du sujet, il n’était pas marqué au fer rouge dans ma mémoire). Les semaines…

  • Kiosque

    Belette

    « Avant au Tripode, il y avait Zizi Cabane. Maintenant, à côté d’elle, il y a Belette. » C’est avec ces mots que Nico, le libraire de Quai des mots m’a mis le premier roman de Mye entre les mains. Pas besoin de m’en dire plus, je prends. Il y a chez Belette, face au désespoir, quelque chose d’aussi effronté que Zazie. Et surtout, il y a une langue qu’on voudrait apprendre d’un claquement de doigts pour se mettre à la parler au quotidien. « – Pourquoi tu me parles de riz Belette ! Qu’est-ce que tu me causes ?! Ça a rien à voir. T’es couillonne ! C’est pas une question de…

  • Instants

    à la bonne page (2)

    Ce matin, après 265 jours d’espagnol avec duolingo (je n’avais aucune base), un été avec le mensuel Vocable, je me décide à apprendre par coeur un poème de Roberto Juarroz. Le 8ème de sa Treizième poésie verticale. Vous en trouverez la dernière strophe dans la colonne de droite de mes îles, sous la citation de Perec. Je m’aide de tes enregistrements, l’un avec l’accent castillan, l’autre avec l’accent andalou, pour me contraindre à placer les accents toniques sur la bonne syllabe. Je vais et viens dans mon jardin en un itinéraire en 8 qui pourrait tout aussi bien être le symbole de l’infini. C’est la première fois que j’apprends un…

  • Instants

    à la bonne page (1)

    Le rituel quand je quitte ta chaumièreouvrir au hasard 108 voeuxet te laisser deux phrases en partagele temps de mon absence Le rituel quand j’arrive à la biquetterieouvrir au hasard 108 voeuxet me laisser deux phrases en partagele temps de ton absence le hasard est joueurquand il ouvreà la biquetterie et à la chaumièrela même page à gauche« que ton livre s’ouvre à la bonne page »à droite« que tu ensemences sans penser à ce qui poussera ou pas » Tu veux jouer ? Très bien ! Continuons avec les Essais de Montaigne. Je les ai ressortis parce que mon fils en a entrepris la lecture jour après jour. Il a l’endurance que je…

  • Instants,  Kiosque,  La classe !

    Zelentchouk

    Pourquoi, lorsque vous envoyez un message pour la première fois à un auteur que vous suivez sur Instagram et qui ignore tout de votre existence, y a-t-il cette contrainte « vous n’avez droit qu’à un message tant que l’invitation n’a pas été acceptée » ? je ne voulais pas être invitée, je voulais seulement poser une question. Et quand l’irrémédiable se produit, l’index sur l’écran tactile qui envoie un message en cours d’écriture alors qu’il savait qu’il devait faire attention, on fait quoi ? Je vous explique… Cette nuit, j’ai été réveillée par la pluie qui tombait dru sur le velux. Il était 4h. Au lieu de pester contre l’insomnie, je suis…

  • Instants,  Kiosque

    Avis de canicule (2)

    Je continue mes lectures de grand froid alors que dehors est chaud. Après Le bout du monde est vertical, j’ai lu d’une traite De Neige et de vent de Sébastien Vidal. Cela a à la fois la gueule d’un western dans les Alpes et celle d’un polar que tout empêche. À l’intérieur, deux gendarmes, confinés dans la mairie avec l’étranger qui écrit dans ses carnets, ne peuvent enquêter. À l’extérieur, le vent, la tempête de neige, des habitants coupés du monde et de la loi. Magnifiquement écrit, magnifiquement construit.Cela a surtout la gueule d’une humanité qu’on interroge. « Nous scrutons sans cesse l’horizon du lendemain, alors qu’il suffit d’être dans l’instant.…

  • Instants,  Kiosque

    Avis de canicule (1)

    Il va faire très chaud pendant deux jours. Levée tôt, j’ouvre grand la biquetterie. J’arrose le potager et le jardin. Les abeilles s’affolent autour des points d’eau. Elles aussi cherchent une solution pour traverser le jour avec le calme du haricot grimpant sous sa feuille. Plus loin dans la matinée, je salue la voisine qui promène son chien Polka, je taille les cassissiers, tire sur les orties montées en graines, cueille tomates, courgettes, concombre et me décide à regagner l’intérieur. Je suis bien dans la fraîcheur emmagasinée. C’est un espace vide qui s’ouvre et qui me rééquilibre. Hier, j’ai fait le plein de livres à Quai des mots. Quatre d’un…

  • Instants,  Kiosque

    Conjurer la peur

    L’essai était depuis un an sur mon bureau à l’étage. J’avais prévu de le lire, les mois ont passé, j’ai même changé de bureau entre temps. Je l’ai replacé sur ce nouvel espace, son titre comme un mantra quotidien. J’ai fini par me décider à l’ouvrir parce que le nom de son auteur souvent mentionné en ce mois de juillet. Patrick Boucheron était aux côtés de Thomas Jolly pour concevoir la cérémonie d’ouverture des JO comme une invitation à dépasser notre société rabougrie, ratatinée, malingre. Cette certitude que le vivre ensemble est possible s’il déploie toutes nos différences. Conjurer la peur, Essai sur la force politique des images. Sienne, 1338.…

  • Instants

    Les jeux sont faits (2)

    Ce matin, j’ai fini de relire Courir de Jean Echenoz. Émile Zatopek, le savetier et l’éboueur, et entre deux l’athlète aux trois médailles d’or – 5000 km, 10000km et marathon – aux JO d’Helsinki en 1952 . Plus loin dans la journée, je te place dans mes pensées et nous courons jusqu’au panorama de St Pierre. L’air est chargé d’humidité. Ma foulée est lente pour grimper tout là-haut. J’aime cet endroit perché, le regard porte loin, jusqu’aux Andelys. En contre-bas, la Seine charrie dans un grand éclat de rire flamboyant les échos de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris.

  • Instants

    Les jeux sont faits (1)

    for ever faut rêverles eaux de la Seine filtrées jusqu’à la dernière chiureprévoyez quand même une combinaison intégrale pour un ploufles rues balayées jusqu’au dernier migrantplus de tentes quechua sous les pontsles chambres époussetées jusqu’au dernier étudiantfaut faire place netteParis nouvel Omphalos est prêt pour les JOfor ever faut rêver