Notre vie, c’est maintenant

« Le droit à une vie respirable, une vie qui vaut la peine, une vie à laquelle tenir, c’est le droit d’attendre beaucoup de la vie (la vie avec, auprès, parmi): l’espoir de fraterniser dans la respiration, l’espoir de détoxiquer nos quotidiens et de respirer enfin avec les autres. Respirer avec, conspirer. »
in Respire, Marielle Macé

Après une semaine qui m’a essoufflée -les cours, les copies, les préparations de projets-, après une semaine à inspirer et expirer sans m’en rendre compte, j’ai enfin trouvé le temps de finir le petit essai de Marielle Macé, Respire. Au départ, une évidence. L’air que j’inspire a été expiré par d’autres. L’air que j’expire sera inspiré par d’autres. Je ne peux m’empêcher de repenser au week-end dernier. Nous étions des centaines derrière les baies de l’orangerie de l’abbaye de Jumièges pour le festival Terres de paroles. Nous suffoquions à cause de la chaleur et du manque d’oxygène, tentant de créer une illusion de fraîcheur avec le programme devenu éventail mais nous conspirions avec bonheur. Face à nous, se sont succédés pendant deux jours Dany Laferrière, Lydie Salvayre, Michelle Perrot, Éric Chevillard et Annie Ernaux. Plus loin dans la semaine, ce seraient Cyril Dion et Lola Lafon. Tous ont répondu présents à l’injonction de Prévert « notre vie, c’est maintenant ». Leurs paroles, trempées de réels et de désirs, sont venues se déposer dans notre espace commun et ont rendu notre air à nouveau respirable.

« Le monde ne réclame pas de beaux discours : un sale discours aussi s’impose. Il réclame que nous exercions pour de bon nos responsabilités de vivants parlants. Que nous comprenions l’exercice de la parole comme une tâche atmosphérique et une responsabilité écologique à part entière : que nous parlions autrement du monde et dans le monde, entre nous et avec les autres. » in Respire, Marielle Macé