La classe !

Convergence de lignes

Rituel du matin
7h20 : je charge mes sacoches, celle de droite reçoit mes cours et mon ordi, celle de gauche mon casse-croute et mon anti-vol. Je monte sur mon vélo et descends le côteau pour rejoindre S. à 7h30. Un rapide bonjour dans le flux de la circulation et nous fonçons jusqu’à la voie verte. Une fois que nous y sommes, nous pouvons respirer largement. Nous avons vingt minutes devant nous pour nous donner des nouvelles du week-end, nous redire que nous sommes vraiment bien à longer l’Eure, à saluer les cygneaux devenus grands mais toujours en ligne familiale. Dans notre dos, le jour prend le relais de la nuit. Nous croisons d’autres cyclistes, toujours les mêmes. Nous aussi, nous faisons famille. Cette trajectoire, c’est l’assurance de pouvoir mener notre longue journée de cours sereinement quoi qu’il s’y passe.
7h50 : nous arrivons au collège. Je monte dans ma salle pour installer mon ordi, inscrire le nom du poète dont je lirai un fragment à chaque début de cours. Cette semaine, ce sera Louise Dupré et ses Exercices de joie
8h10 : je retrouve mes collègues fumeurs pour un café-clope sur la terrasse. Ce moment, c’est l’assurance de l’inattendu, au détour de la conversation. Aujourd’hui, E. tourne son portable vers le ciel et fixe un avion qui essayait de passer incognito. E. est ultra-branchée. Grâce à un logiciel dont j’ai oublié le nom, elle nous annonce sa trajectoire : il est parti de Birmingham alors que je faisais griller mes tartines et se dirige vers l’île de Malte. Arrivée prévue lorsque je serai face à ma classe de 3ème. Je ne cours pas après les innovations technologiques mais celle-là, je l’aime bien. Lire dans le ciel les lignes des avions. Et là haut, un passager côté hublot a-t-il eu la possibilité d’analyser ma trajectoire matinale et se mettre à rêver sur mon itinéraire ?

photo : © Élise Hiver

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